Les récents progrès dans le diagnostic de la maladie d’Alzheimer (MA) suscitent l’inquiétude des experts mondiaux.
Un groupe dirigé par des chercheurs des Hôpitaux universitaires de Genève, de l’Université de Genève et de l’Hôpital de la Salpêtrière a proposé de nouvelles recommandations pour répondre aux problèmes potentiels de surdiagnostic. Actuellement, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer repose en grande partie sur les biomarqueurs. Cependant, le groupe d’experts estime que cette approche pourrait conduire à un diagnostic erroné si elle n’est pas correctement interprétée. Ils préconisent un processus de diagnostic plus complet qui tienne compte à la fois des symptômes cliniques et des biomarqueurs. Les recommandations du groupe visent à éviter de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer chez les personnes présentant des biomarqueurs anormaux qui ne développeront peut-être jamais de troubles cognitifs. Ils proposent plutôt une approche de surveillance personnalisée pour chaque personne. En Suisse, les projections suggèrent que d’ici 2050, plus de 300 000 personnes seront touchées par la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence, soit le double du nombre actuel Ces prévisions soulignent l’importance d’un diagnostic précis et d’une prise en charge adaptée des patients. Le groupe d’experts, dirigé par les professeurs Giovanni Frisoni et Bruno Dubois, souligne la nécessité d’une approche multidisciplinaire du diagnostic. Ils soulignent que les biomarqueurs doivent être pris en compte parallèlement aux consultations médicales complètes et aux tests de mémoire. Les symptômes typiques de la maladie d’Alzheimer comprennent la perte de mémoire à court terme, la désorientation, les difficultés d’élocution et les changements de comportement. Cependant, la présence de biomarqueurs sans ces symptômes cliniques n’indique pas nécessairement la maladie d’Alzheimer, en particulier chez les personnes âgées. Les nouvelles recommandations proposent de classer les personnes présentant des biomarqueurs anormaux en deux groupes : celles dont les tests de mémoire sont anormaux (diagnostiquées comme souffrant de la maladie d’Alzheimer) et celles dont les tests sont normaux (considérées comme présentant un risque accru mais non diagnostiquées comme souffrant de la maladie d’Alzheimer). Cette approche nuancée permet des stratégies de surveillance plus ciblées. À Genève, des plans sont en cours pour mettre en œuvre un nouveau parcours patient pour les personnes à risque d’ici début 2025, en se concentrant sur l’évaluation de divers facteurs de risque, notamment les biomarqueurs, la dépression et l’isolement social. Ces catégories ont également des implications importantes pour la recherche, permettant la création de cohortes longitudinales mieux stratifiées et une quantification plus précise des facteurs de risque. De plus, l’inclusion de personnes asymptomatiques dans les essais cliniques pourrait aider à tester l’efficacité des traitements préventifs. L’objectif ultime est de développer des traitements personnalisés basés sur les profils de risque individuels, intégrant des changements de style de vie, des principes nutritionnels et des médicaments ciblés pour réduire le risque de développer la MA et les troubles cognitifs associés.
Commentaire de la chroniqueuse de SuppBase Alice Winters :
Les lignes directrices proposées pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer représentent un changement crucial dans notre approche de cette maladie dévastatrice. En tant que commentateur de produits de santé, je trouve cette évolution particulièrement intrigante, car elle recoupe le paysage plus large des compléments de santé cérébrale et des stratégies préventives. L’accent mis par le groupe d’experts sur une approche diagnostique plus holistique est louable. En prenant en compte à la fois les biomarqueurs et les symptômes cliniques, nous pouvons potentiellement éviter une anxiété et un traitement inutiles pour les personnes qui ne développeront peut-être jamais de troubles cognitifs. Cette stratégie nuancée s’aligne bien sur la tendance croissante de l’industrie des compléments alimentaires vers une nutrition personnalisée et des interventions ciblées. Cependant, cette nouvelle approche soulève également des questions sur l’efficacité et la commercialisation de nombreux compléments alimentaires « pour la santé cérébrale » actuellement sur le marché. Bon nombre de ces produits prétendent soutenir la fonction cognitive ou même prévenir la démence, souvent en se basant sur leur capacité à influencer certains biomarqueurs. Si les biomarqueurs seuls ne suffisent pas pour établir un diagnostic, comment devrions-nous interpréter les allégations des compléments alimentaires ciblant ces marqueurs ? La classification proposée des individus présentant des biomarqueurs anormaux en groupes « diagnostiqués » et « à risque » pourrait avoir un impact significatif sur l’industrie des compléments alimentaires. Nous pourrions assister à une évolution vers des produits spécifiquement formulés pour la catégorie « à risque », en mettant l’accent sur la prévention plutôt que sur le traitement. Cela pourrait ouvrir de nouvelles voies d’innovation dans le secteur des produits de santé, conduisant potentiellement à des formulations plus ciblées et fondées sur des preuves. De plus, la mise en œuvre prévue d’un nouveau parcours patient à Genève, axé sur une évaluation complète des facteurs de risque, pourrait établir une nouvelle norme en matière de soins préventifs. Cette approche pourrait encourager le développement de régimes de suppléments plus holistiques qui s’attaquent simultanément à plusieurs facteurs de risque, y compris non seulement les biomarqueurs, mais aussi les facteurs liés au mode de vie comme la dépression et l’isolement social. Les implications pour la recherche sont tout aussi importantes. À mesure que nous acquérons une compréhension plus nuancée des facteurs de risque et de leur importance relative, nous pourrions assister à une évolution correspondante des formulations de suppléments et des allégations marketing. L’inclusion de personnes asymptomatiques dans les essais cliniques pourrait également fournir des données précieuses sur le potentiel préventif de diverses interventions, y compris les compléments alimentaires. En conclusion, si ces nouvelles directives abordent principalement les critères de diagnostic, leurs effets d’entraînement pourraient influencer considérablement l’industrie des produits de santé. À mesure que nous évoluons vers des approches plus personnalisées et préventives de la santé cérébrale, les fabricants de compléments alimentaires et les consommateurs devront s’adapter à ce paysage en constante évolution. L’avenir pourrait résider dans des stratégies multidimensionnelles, fondées sur des données probantes, qui combinent une supplémentation ciblée et des modifications du mode de vie, toutes adaptées aux profils de risque individuels. Comme toujours, les consommateurs doivent aborder les compléments alimentaires pour la santé cérébrale avec un esprit critique et consulter des professionnels de la santé pour des conseils personnalisés.